[fr] Les représentations culturelles de l’Arctique se sont longtemps concentrées autour des schèmes liés à l’imaginaire du nord (Chartier, 2018) : immensité glacée, sauvage et dépeuplée, voilà comme les récits occidentaux eurent besoin de se figurer la zone septentrionale. Corpus contemporain (2000-2020), les polars polaires actualisent la perspective par la narration policière : s’il y a un crime, c’est bien qu’il y a un criminel et in extenso que le nord du monde n’est pas inhabité. Pourtant, à peine habillé de ses populations multiples — dont les Inuits et les Sámi, le territoire est déjà détruit, mis à mort par des cataclysmes climatiques ou géologiques. Le genre du polar étant le plus à même de parler de la mort (symbolique) d’un lieu, les polars polaires se chargent de mettre en scène celle de l’Arctique, victime principale des dérèglements climatiques anthropiques. Dans cette communication, je souhaiterais ainsi aborder les trois facettes des représentations culturelles du lieu dans la fiction policière : géographique (par quels topoï est-il décrit ?), ethnique (quelles images des natifs cette littérature véhicule-t-elle ?) et enfin écologique (quelles inquiétudes le regard occidental projette-t-il sur l’Arctique ?).