[fr] Des cartes, des humains et des glaces. Savoirs, empires et mondes sous les latitudes d'un Nord global (vers 1530-vers 1610)
Type de document
Auteur(s)
Directeur de these
Caroline Callard
Denis Crouzet
Organisme de soutenance
Sorbonne Université
Instance
TEL
Est une partie de
https://hal.science/ETUDES-NORDIQUES/browse/last Études Nordiques
Mots clés en
Humanities and Social Sciences/History
Politics of Knowledge
Sweden and Europe
Social and cultural history
Imperial history
Beliefs and confessions
Nordic/Northern Europe
Mots clés fr
Date de publication
Langue du document
Français
Résumé
[en] This dissertation examines the role of the globe's highest latitudes in European imperial and knowledge manoeuvres throughout a long 16th century. Far from being a peripheral space, these regions emerged both as an imperial stake and as an object - indeed, a field - of knowledge. In these spaces unknown to the ‘Ancients', whose boundaries had not been significantly pushed back except northward and around Scandinavia, there was room for experimentation. European powers excluded from the Iberian partition of the colonial globe (France, England, Denmark, Sweden, then the Netherlands) sought new worlds and empires by wagering on high latitudes against their rivals' cartographic reasoning of a longitudinal ‘englobing of the world', as the latter had circumnavigated the globe and unfolded it along an East-West axis. In Spain, Portugal, or Antwerp, efforts were made to address these challenges, or to anticipate the problem posed by these latitudes that punctured the Iberian globe, whose magnitudes had yet been experienced elsewhere as a homogeneous and connectable space. Using a double questionnaire in both imperial history and history of knowledge, together with reflections on material history and historical anthropology, this dissertation examines a series of operations involving both the spaces and environments of the high latitudes and the globe itself. It recovers the problematizations of these troubled spaces of ‘world englobement' (A. Romano), from two vantage points : learned Europe and European empires on the one hand, and the Swedish worlds of knowledge and the Vasas' early imperialism on the other. By capturing the North, empire, and knowledge in the making, across various sites (particularly Antwerp, Stockholm, Venice, Paris, London, and Amsterdam), but also in the field (whether that of Roman missionaries in the North or that of knowledge espionage far from home), this work aims to reconstruct the original world-making processes enabled by the globe's northern mediations. It also reveals particular politics of knowledge that only relatively separate different domains of learning, blending geography (sacred of profane), history (idem), natural philosophy, the art of navigation, law, as well as astrology or etymology. As an epistemological testing ground for both nature and empire, the global North affords a glimpse of both the hiccups of ‘world englobement' and the techniques of learned and imperial anxiety-relief. While the first part seeks to demonstrate what the dialectic between the Arctic passage and the great transatlantic land bridge stands for, the second part sets the construction of northern knowledge and empires against the backdrop of ice scholarly acclimatization, questioning whether ice, though absent from maps at first glance, might actually be present as a neglected resource for globe-makings. Building upon the logics observed in the earlier sections, while observing them in a Swedish context, this work ultimately re-examines, through the lens of a social and cultural history of knowledge, the first Swedish imperial projection in the 1560s-1570s. Using a peculiar terrestrial globe and the extensive lists inscribed by Erik XIV (r. 1560-1568) in the margins of his prison books after his deposition by his brothers, one can paradoxically observe the Swedish empire in the making. Pushing the dynamics of his reign further, the body of the Swedish king took a global turn, harnessing geographical knowledge as agents of his ‘recharge sacrale', thereby coming into conflict with the nobility's ‘aristocratic constitutionalism'. Thus the Swedish empire would start with a stumble, as Erik XIV was deposed in 1568, after attempting to make his political body coextensive with the new magnitudes of the earth—a deviation from established practices that would set a precedent in subsequent imperial pursuits.
[fr] Cette thèse est consacrée à la place des plus hautes latitudes du globe dans les opérations impériales et savantes européennes au cours d'un long XVIe siècle. Loin d'avoir été périphériques, elles se présentèrent à la fois comme un enjeu impérial et comme un objet voire un terrain du savoir. Dans ces espaces inconnus des « Anciens », mais dont les frontières n'avaient pas été beaucoup repoussées depuis, à part au nord et autour de la Scandinavie, il y avait de l'espace pour expérimenter. Les puissances européennes écartées du partage ibérique du globe (Français, Anglais, Danois, Suédois, puis Néerlandais) cherchèrent ainsi des mondes et des empires en pariant sur les hautes latitudes contre les logiques cartographiques adverses d'un « englobement » du monde longitudinal, qui avait circuit le monde pour le déplier sur un axe Est-Ouest. En Espagne, au Portugal ou à Anvers, on ne négligea pas de leur répondre, ni d'anticiper le problème de ces latitudes qui trouaient toujours le globe ibérique, alors qu'on avait éprouvé ailleurs toutes les grandeurs de cette nouvelle Terre devenue globe homogène et connectable. À travers un double questionnaire d'histoire des empires et d'histoire des savoirs, accompagné de réflexions d'histoire matérielle et d'anthropologie historique, cette thèse envisage une série d'opérations avec les espaces et les environnements des hautes latitudes autant qu'avec le globe même. Elle restitue les problématisations de ces espaces troubles de « l’englobement du monde » (A. Romano), et ce à deux échelles d'observation : l'Europe savante et les empires européens d'une part, les mondes du savoir en Suède et le premier impérialisme des Vasas de l'autre. En saisissant le Nord, l'empire et les savoirs en train de se faire, dans une série de lieux (en particulier Anvers, Stockholm, Venise, Paris, Londres et Amsterdam), mais aussi sur le terrain, dans le Nord de la mission romaine ou par l'espionnage savant loin de chez soi, ce travail s'attache à reconstruire les mondiations originales que permettent les médiations septentrionales du globe. S'observent également des politiques des savoirs particulières qui ne séparent que relativement les différents domaines de leur appréhension, mêlant géographie, histoire (sacrées comme profanes), philosophie naturelle, art de la navigation, droit ou encore astrologie et étymologie. Terrain d'expérimentation épistémologique permettant d'appréhender la nature comme l'empire, le Nord global offre alors un point d'observation des heurts de l'englobement autant que des techniques du désangoissement savant et impérial. Alors qu'une première partie cherche à montrer de quoi la dialectique du passage arctique et du grand pont terrestre transatlantique est le nom, une seconde envisage la construction des savoirs et des empires du Nord au moment de l'acclimatation savante des glaces, en se demandant si, absentes des cartes à première vue, elles ne seraient pas en fait bien là, ressources négligées de la mise en globe. Cette thèse réinterroge alors, par une histoire socio-culturelle des savoirs, la première projection impériale du royaume de Suède, dans les années 1560-1570. À partir d'un étrange globe terrestre, et de longues listes inscrites par Erik XIV (r. 1560-1568) dans les marges de ses livres de captivité, après avoir été déposé par ses frères, on pourrait paradoxalement observer l'empire suédois en train de s'inventer, lorsque, poussant plus loin les dynamiques de son règne, le corps du roi de Suède prend un tournant global, utilisant les savoirs géographiques comme agents de sa charge sacrale, non sans entrer alors en conflit avec le « constitutionnalisme aristocratique » de la noblesse. Ainsi l'empire suédois achopperait-il une première fois, lorsque Erik XIV fut déposé en 1568 après avoir tenté de rendre son corps politique coextensif aux nouvelles grandeurs de la terre, écart aux pratiques qui posa un précédent dans la recherche ultérieure de l'empire.
Titre alternatif
[en] Of Maps, Humans and Ice. Knowledge, Empires and Worldmakings in a Global North (c. 1530-c. 1610)
Collections
Source
HAL
Type de ressource
Texte intégral
Est une version de
Licence
Distributed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License
Citation bibliographique
Pierre Salvadori. Des cartes, des humains et des glaces. Savoirs, empires et mondes sous les latitudes d'un Nord global (vers 1530-vers 1610). Histoire. Sorbonne Université, 2024. Français. [NNT : 2024SORUL137]. [tel-04963878]
Citer cette ressource
[fr] Des cartes, des humains et des glaces. Savoirs, empires et mondes sous les latitudes d'un Nord global (vers 1530-vers 1610),
dans Études nordiques,
consulté le 3 Novembre 2025, https://etudes-nordiques.cnrs.fr/s/numenord/item/21445
